9 juillet 2020
Présentation des ordonnances n° 2020-346, n° 2020-428, n°2020-460 et des décrets n° 2020-326, n°2020-435, n° 2020-522 et n° 2020-794, portant mesures d'urgence en matière d'activité partielle
Cette publication a été mise à jour le 9 juillet 2020.
Pour faire face aux conséquences économiques, financières et sociales liées à l'épidémie de covid-19, la loi n° 2020-290 du 23 mars 2020 a habilité le Gouvernement à aménager par ordonnance les règles de droit du travail, notamment concernant le dispositif d’activité partielle.
Dans ce contexte, le décret n° 2020-325 du 25 mars 2020 (le "Décret Activité Partielle") a mis en place un dispositif exceptionnel d’activité partielle applicable rétroactivement depuis le 1er mars 2020.
L'ordonnance n° 2020-346 du 27 mars 2020 (l’"Ordonnance Activité Partielle") - publiée au Journal Officiel du 28 mars 2020 et entrée en vigueur immédiatement à la suite de cette publication - complète le dispositif.
Le décret n° 2020-435 du 16 avril 2020 pris en application de l'Ordonnance Activité Partielle précise les modalités de calcul de l'indemnité et de l'allocation d'activité partielle - notamment pour certaines catégories spécifiques de salariés - applicables au titre du placement en position d'activité partielle en raison de l'épidémie de covid-19 depuis le 12 mars 2020 et jusqu'au 31 décembre 2020.
Le dispositif a par ailleurs été complété par certaines dispositions de l'ordonnance n° 2020-460 du 22 avril 2020.
Le Décret Activité Partielle prévoit qu’en cas de circonstance de caractère exceptionnel (telle que l’épidémie de covid-19), l'employeur peut recourir à l'activité partielle compte tenu de la baisse d'activité qui en résulte dans les conditions suivantes :
L’employeur doit déposer sa demande de manière dématérialisée sur ce site, au plus tard 30 jours après le placement de ses salariés en activité partielle.
L’administration dispose d’un délai de 2 jours suivant la réception de la demande d’autorisation d’activité partielle pour notifier sa décision d’autorisation ou de refus, étant précisé que l’absence de réponse dans ce délai vaut acceptation implicite de la demande.
L’autorisation peut désormais être accordée pour une durée maximale de 12 mois, renouvelable sous certaines conditions (au lieu de 6 mois auparavant).
L’employeur doit adresser l’avis rendu par le CSE à l'administration, au plus tard 2 mois après le dépôt de sa demande d’activité partielle.
L’Ordonnance Activité Partielle précise quant à elle que, dès lors que la mesure affecte tous les salariés de l'entreprise, de l'établissement, du service ou de l'atelier auquel est affecté ou rattaché un salarié protégé, l'activité partielle s'impose audit salarié protégé (alors qu'un tel accord était auparavant nécessaire).
L'article 8 de l'ordonnance n° 2020-460 du 22 avril 2020 prévoit la possibilité d'individualiser l'activité partielle, et ainsi de déroger au caractère collectif du dispositif en :
Cette individualisation doit être nécessaire pour assurer le maintien ou la reprise d'activité et requiert :
L'accord collectif ou le document soumis à l'avis du CSE ou du conseil d'entreprise détermine :
Aux termes du décret n° 2020-794 du 26 juin 2020, l’accord d’entreprise ou d’établissement, ou l’avis favorable des représentants du personnel doivent être transmis au Direccte :
Pour les demandes préalables d’autorisation déposées avant le 28 juin 2020 (date de publication du décret) ou, si l’accord a été signé ou l’avis remis avant cette date, l’employeur qui procède à l’individualisation de l’activité partielle doit transmettre l’accord ou l’avis au Direccte dans les 30 jours qui suivent la publication du décret (soit jusqu’au 28 juillet 2020).
A titre temporaire et exceptionnel, l'Ordonnance Activité Partielle élargit le champ d’application du dispositif d'activité partielle, en l’ouvrant notamment :
sous réserve que ces employeurs exercent, à titre principal, une activité industrielle et commerciale dont le produit constitue la part majoritaire de leurs ressources.
L'ordonnance n°2020-428 du 15 avril 2020 portant diverses dispositions sociales pour faire face à l'épidémie de covid-19 précise les modalités de financement des indemnités d'activité partielle versées aux assistants maternels et aux salariés des particuliers employeurs en prévoyant que le remboursement des sommes versées par l'employeur est pris en charge par l'Etat et l'organisme gestionnaire de l'assurance chômage, à l'instar des modalités applicables pour les autres salariés.
Le Décret Activité Partielle prévoit que les salariés ayant conclu une convention de forfait en jours ou en heures sur l’année peuvent désormais bénéficier du dispositif d’activité partielle, y compris lorsque l’activité partielle se traduit par une réduction de l’horaire de travail.
Le nombre d’heures éligibles à remboursement par l’Etat doit, dans ce cas, être calculé sur la base de la durée légale du travail correspondant aux jours de réduction de l’horaire de travail pratiquée dans l’établissement à due proportion de cette réduction.
La détermination du nombre d’heures prises en compte pour le calcul de l’indemnité d’activité partielle est effectuée par la conversion en heures d’un nombre de jours ou de demi-journées, selon les modalités suivantes, précisées par le décret n° 2020-435 du 16 avril 2020 :
Le décret n° 2020-435 du 16 avril 2020 précise en outre que lorsque les salariés soumis à une convention de forfait prennent un jour de congé payé, de repos, ou lorsqu'un jour férié non travaillé - correspondant à un jour ouvré - intervient durant l'activité partielle, ces jours sont convertis en heures selon les mêmes modalités. Les heures issues de cette conversion sont ensuite déduites du nombre d'heures non travaillées au titre de l'activité partielle.
L’Ordonnance Activité Partielle indique que le dispositif s'applique aux salariés qui ne sont pas soumis aux dispositions légales ou conventionnelles relatives à la durée du travail (VRP et cadres dirigeants).
L’ordonnance n° 2020-428 du 15 avril 2020 précise, en revanche, que les cadres dirigeants ne peuvent être placés en activité partielle que dans le cas d’une fermeture temporaire de leur établissement ou partie d’établissement.
Le décret n° 2020-435 du 16 avril 2020 précise les modalités de calcul de l'indemnité d'activité partielle pour les VRP :
Pour les cadres dirigeants, les modalités de calcul sont définies par le décret n° 2020-522 du 5 mai 2020 comme suit :
En principe, la demande préalable d’autorisation d’activité partielle est effectuée par l’employeur au préfet du département (le Direccte par délégation) où est implanté l’établissement. Ainsi, les entreprises à établissements multiples répartis sur tout le territoire, doivent effectuer plusieurs demandes.
Afin de simplifier ces formalités, l’article 4 du décret du 26 juin 2020, prévoit que, jusqu’au 31 décembre 2020, lorsque la demande porte, pour le même motif et la même période, sur au moins 50 établissements implantés dans plusieurs départements, l’employeur peut adresser une demande unique au titre de l’ensemble des établissements au préfet du département où est implanté l’un quelconque des établissements concernés.
Dans ce cas, le contrôle de la régularité des conditions de placement en activité partielle des salariés est confié au préfet de département où est implanté chacun des établissements concernés.
L’allocation d’activité partielle versée à l’employeur n’est plus forfaitaire, mais proportionnelle à la rémunération des salariés placés en activité partielle. Elle couvre désormais 70% de la rémunération antérieure brute du salarié retenue dans la limite de 4,5 SMIC, avec un minimum horaire de 8,03 euros, quel que soit l’effectif de l’entreprise.
Le décret précise que ce minimum n’est pas applicable aux salariés en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation rémunérés en pourcentage du SMIC.
En conséquence (i) en deçà du plafond de 4,5 SMIC, l’employeur n’a pas de reste à charge, et (ii) au-delà de ce plafond et/ou en cas de majoration du taux de 70%, l’employeur supporte la charge financière du différentiel.
L'allocation sera versée à l'employeur par l'Agence de service et de paiement (ASP) étant précisé que le délai annoncé serait en moyenne de 12 jours.
Le contingent annuel d'heures indemnisables par salarié au titre de l'allocation d'activité partielle est augmenté, passant de 1.000 heures selon le droit commun, à 1. 607 heures jusqu'au 31 décembre 2020 (Arrêté du 31 mars 2020 JORF n° 0081 du 3 avril 2020).
Aux termes des articles R. 5122-12 et R. 5122-18 du code du travail, l'assiette de calcul de l'indemnité et de l'allocation d'activité partielle correspond à celle du calcul de l'indemnité des congés payés selon la règle du maintien de salaire (soit le salaire du mois précédant la mise en activité partielle).
Le décret n° 2020-435 du 16 avril 2020 précise que :
Pour les salariés ayant conclu une convention individuelle de forfaits en heures incluant des heures supplémentaires et pour les salariés dont la durée du travail est supérieure à la durée légale en application d'une convention ou d'un accord collectif, l'article 7 de l'ordonnance n° 2020-460 du 22 avril 2020 prévoit, de façon dérogatoire, que :
L'article 4 de l'ordonnance précitée prévoit également la prise en compte des heures non travaillées au-delà de la durée légale de 35 heures dans l'indemnisation des assistants maternels et des salariés de particulier employeur, dont la durée conventionnelle de travail est supérieure à la durée légale.
L’article 5 du décret du 26 juin 2020 prévoit la traduction réglementaire de cette mesure temporaire pour déterminer le montant horaire de référence dans ces situations. Ainsi, celui-ci est égal à 70 % de la rémunération brute de référence incluant la rémunération des heures d’équivalence et/ou des heures supplémentaires structurelles indemnisables, rapporté soit à la durée d’équivalence, soit à la durée conventionnelle, soit à la durée stipulée dans la convention individuelle de forfait en heures. Ce faisant, le décret sécurise le dispositif applicable à titre dérogatoire et temporaire.
L'Ordonnance Activité Partielle adapte notamment l'indemnisation :
L'ordonnance n°2020-428 du 15 avril 2020 précise les modalités de calcul de l'indemnité horaire d'activité partielle des apprentis et des bénéficiaires d'un contrat de professionnalisation lorsque leur rémunération est supérieure ou égale au salaire minimum interprofessionnel de croissance.
Afin de renforcer l’information des salariés sur le dispositif, le Décret Activité Partielle prévoit que l’employeur dispose d’un délai de 12 mois, à compter du 26 mars 2020, pour faire apparaitre une ligne spécifique activité partielle sur le bulletin de paie mentionnant :
L’Ordonnance Activité Partielle prévoit que les indemnités d’activité partielle sont exonérées de cotisations sociales mais restent soumises à la CSG au taux réduit de 6,2 % et à la CRDS aux taux de 0,5 %.
L'article 5 de l'ordonnance n° 2020-460 du 22 avril 2020 limite l'exonération de cotisations et de contributions sociales en cas de versement d'une indemnité complémentaire par l'employeur, s'ajoutant à l'indemnité légale d'activité partielle et visant à verser au salarié plus de 70% de sa rémunération brute antérieure.
A compter du 1er mai 2020, si la somme de l'indemnité légale et l'indemnité complémentaire est supérieure à 3,15 fois le SMIC, l'indemnité complémentaire est assujettie aux cotisations et contributions sociales applicables aux revenus d'activité pour sa partie supérieure à 3,15 SMIC.
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